Avis des internautes (1)
" J'ai le coeur lourd et pourtant je ne suis pas triste." Cette phrase prononcée en son âme par l'un des héros de ce roman, Jacques, trotte dans ma tête et résume à elle seule un climat. Et toute la complexité des sentiments qui peuvent nous agiter, faisant de nous des voyageurs tentés tout à la fois par l'immobilité et par la chute. Campant. Une autre phrase... " Pour te voir aussi dans la matinée des patries étrangères ". Une autre encore" Le premier personnage apparut dans le ciel, au milieu des nuages fins. C'était un chat... " Le voyage, la surprise presque extravagante et surréaliste, l'ailleurs, omniprésents. L'attente, l'espérance, l'acceptation humble et comme emplie de joie des vicissitudes de l'existence. Il y a quelques jours, un Ami m'a offert un beau livre de cet auteur dont il me fit découvrir il y a bien des années déjà la poétique du quotidien. Campements. Dans un tout petit village des Ardennes, Jacques, l'instituteur, attend. Ou rêve. D'une femme à aimer qu'il ne voit pas venir, de ces voyages inaccomplis dont son ami Gabriel lui parle sans relâche, comme pour le piquer où cela le blesse déjà, lui qui rêvait d'exil et a du rentrer au pays et s'enfermer dans " l'infinité d'horizons (qui ) retenait les coeurs prisonniers ". Son coeur et lourd mais pas triste car en dépit de cette vie rude et répétitive, son âme est restée celle de quelqu'un qui campe. Toujours prêt à partir, toujours en mouvement vers ce qui vient, bon ou désespérant. C'est une femme qui lui arrive, Jeanne. Femme-enfant préoccupée de ses belles robes, facilement séduite par la facilité mais qui garde au fond d'elle une nature farouche qui ne demande qu'à renaître au grand jour, peu habile aux travaux ménagers, et que la pauvreté et le deuil, mais aussi au plus profond d'elle-même une communion avec ce qu'elle perçoit de similitudes dans la quête intérieure chez Jacques, conduisent à insensiblement s'éprendre de cet instituteur aussi pauvre qu'elle. Les mains de Jacques, si tendres et compréhensives sur sa chevelure ou son visage, la flamme du foyer devant lequel elle rêve souvent, le silence de cette maison où elle se perd dans des travaux encore inconnus d'elle et qui l'ennuient souvent, les vieux tissus brodés ramenés d'autres pays et découverts dans le grenier l'initient lentement à l'envie de bohème. Ils s'aiment avec une immense et intense pudeur et savent se retrouver par les plus merveilleux des hasards au détour d'un chemin où ils ne s'attendaient pas. Ce sont leurs enfants qui vont décider de leur existence. C'est à travers leurs enfants , dont ils sont les amis avant que d'être leurs parents, que va se vivre cet appel du "là-bas" qui si souvent les conduisit eux-mêmes à toutes sortes d'errances passagères. L'un d'eux le plus jeune, Jean, va mourir. Drame qui scelle leur destinée de couple. Mais Michel, l'aîné, est habité par cette fièvre du départ, du vagabondage en compagnie de personnages sortis de contes de fées. Et c'est un conte en vérité que nous lisons là. Point de péripéties extraordinaires. Non, le récit d'une vie simple rythmée par la lumière changeante des saisons, par les semailles et les labours, les tâches qui raidissent les doigts et crèvent le coeur de peine. Chacun des personnages de ce roman est habité par un espoir enfantin que son rêve va se réaliser. Et comment en serait-il autrement dans un monde ou la seule description d'asphodèles dans un pays lointain est comme un miracle offert dont il faut se saisir?
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